Amour, gloire et voter – La saga suisse des bilatérales

Europe

La relation helvético-européenne oscille depuis  toujours entre amour et désamour. Alors que dans le sillage du 9 février, le temps pour les deux partenaires semble plutôt à l’orage : il est aujourd’hui essentiel de comprendre concrètement ce que sont les bilatérales I ? Afin d’éclaircir cette question, le foraus propose une série de blogs sur le sujet.

En 1992, le peuple suisse refuse de rejoindre l’Espace Economique Européen par 50,3%. La relation à l’Europe passionne littéralement les foules, puisque la participation se rapproche de 80%. Lors de la campagne précédent le vote, les questions identitaires s’étaient profilés comme des points cruciaux  de la votation. Cet élan nationaliste avait même amené le Conseil fédéral à organiser une grande conférence de presse assurant qu’une entrée dans l’EEE ne mettrait pas en péril les particularités culturelles et politiques de la Suisse.

Suite au choc de 1992, la voie bilatérale s’imposera finalement comme une solution de rechange. Mais il faudra attendre huit ans avant que le peuple se prononce à nouveau sur sa relation avec l’Europe. Début 2000, les démocrates suisses et la Lega, soutenus par des mouvements de droites et quelques acteurs de l’écologie, déposent un référendum contre le premier paquet des bilatérales. Un référendum qui sera refusé par 67,2%.

Je t’aime…moi non plus

Alors que ces premiers liens avaient été soutenus par le peuple. Les signaux de méfiance de la Suisse continuent : 1993, un an après le OUI aux bilatérales I, c’est un radical NON (76.9%) à l’initiative du NOMES « Oui à l’Europe ! ».

Avec le temps, la relation entre la Suisse et l’Europe s’intensifie, la confiance s’installe entre les deux partenaires qui signent un nouveau paquet d’accord : les Bilatérales II. Mais en 2005, l’ASIN et l’UDC relancent la machine démocratique afin de contrer la ratification de Schengen/Dublin. Par 54.6% des voix, le peuple soutient la voie bilatérale en refusant le référendum. La campagne s’était centrée sur des arguments bien connus : perte de souveraineté, augmentation de la criminalité internationale, travailleurs au noir, hausse de chômage et baisse des salaires.

Traum oder Traumata? Ein Bürger zwischen Schweiz und EU. (Quelle: Swissinfo.ch)

9 Février – la crise de confiance

Mêmes arguments, mais autre résultat. Le 9 février, le peuple accepte l’initiative contre l’immigration de masse. Depuis, le couple helvético-européen passe par une phase difficile. Ainsi, aujourd’hui, au début 2015, les forces politiques du pays sont obligées de repenser la relation de la Suisse face à l’Europe.

Pour mener un débat informé et constructif, le foraus s’engage activement dans cette recherche de solutions. Fanny De Weck, Anina Dalbert et Stefan Schlegel ont récemment développé de nouvelles propositions pour clarifier les enjeux des initiatives en relation avec le droit international. De plus, foraus s’est engagé à rédiger une série de blogs expliquant les bilatérales I. Entre les accords concernant la recherche et transport terrestre, foraus souhaite mettre un peu de clarté dans cet enchevêtrement de contrats afin de commencer l’année 2015 sous de meilleurs auspices européens.